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VGE : fervent défenseur d’une Europe soudée et unifiée


Une grande figure de la vie politique française nous a récemment quittés. A 94 ans, Valéry Giscard d’Estaing, troisième Président de la Vème République, s’en est allé. Il laisse derrière lui un bilan important. On rappellera, bien sûr, ses réformes qui ont conduit la France sur le chemin de la modernité : la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse, l’introduction du divorce par consentement mutuel, le passage de la majorité civile à 18 ans, l’ouverture du collège unique

On se souviendra aussi des deux chocs pétroliers – 1973 et 1979 – qui ont marqué notre économie en profondeur. Il lui a fallu réviser son programme pour que notre pays affronte ces tempêtes dont nous ne sommes, à dire vrai, toujours pas sortis : l’inflation a disparu, mais le chômage de masse demeure une réalité. Il est enfin capital de souligner son engagement européen constant, la grande affaire de sa carrière politique.

Conscient que la France était en perte de vitesse sur la scène internationale, Valéry Giscard d’Estaing était persuadé que le salut de notre pays passait par un rapprochement avec ses voisins pour faire face aux géants planétaires qu’étaient les Etats-Unis, l’Union soviétique de l’époque, et que deviendraient la Chine et l’Inde. VGE n’était pas pour autant un utopiste qui croyait à la disparition des nations. Sa philosophie développait une ligne à mi-chemin entre une Europe supranationale et une Europe des nations. Il plaidait davantage en faveur d’une Union fédéraliste, mais à quelques Etats seulement. Lesquels partageraient notamment une même fiscalité et un même droit du travail. Il était effectivement opposé à l’agrandissement permanent de l’Union européenne, estimant qu’il était illusoire de faire marcher d’un même pas des pays aux niveaux de vie par trop distincts.

Alors qu’il était Président de la République, il fut l’artisan de la création du système monétaire européen (SME), qui devait éviter les trop grandes distorsions de change et qui annonçait déjà l’arrivée de l’euro, après celle de l’écu. Il fut celui de l’élection au suffrage universel direct du Parlement européen de Strasbourg en 1979. Il a également créé, avec son ami, le Chancelier Schmidt, le Conseil européen, qui réunit plusieurs fois par an les chefs d’Etat ou de gouvernement des pays membres.

Des années plus tard, il fera un retour remarqué sur le devant de la scène, en pilotant la convention européenne en vue d’établir un projet de constitution de l’Union. On sait ce qu’il en advint : le 29 mai 2005, les Français rejetèrent ce projet par voie référendaire.

Alors que nous sommes à quelques jours de la sortie de la Grande-Bretagne, du fameux Brexit – avec ou sans accord – l’ex Président de la République avait confié, il y a quelques années, que le départ des Britanniques serait plus douloureux pour eux que pour nous. VGE avait milité à la fin des années 1960 pour que la Grande Bretagne rejoigne la Communauté européenne. Il avait même traversé le Chanel en 1975 pour mener campagne, lors du référendum organisé par Harold Wilson, et convaincre les électeurs d’outre-Manche à voter pour leur entrée.

La suite – notamment l’attitude de Margareth Thatcher qui estimait que l’Europe coûtait plus chère à Londres qu’elle ne lui rapportait – refroidira l’enthousiasme du Français. L’Union européenne connaît un passage à vide depuis de nombreuses années. Elle reste pourtant l’arme de notre survie dans ce monde où la compétition est sans foi ni loi. Emmanuel Macron, malgré tout ce qu’on peut lui reprocher, demeure aujourd’hui un des principaux défenseurs de cette entente. Ceci est d’autant plus essentiel à la veille de 2021, année dont on sait qu’elle sera d’ores et déjà marquée par le départ du pouvoir d’une autre grande figure européenne, Angela Merkel.

L’équipe de l’ASFE

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