Un homme est mort, sauvagement assassiné, à la sortie de son collège de Conflans-Sainte-Honorine, alors qu’il rentrait chez lui. Un jeune réfugié tchétchène l’a décapité, en pleine rue. Il reprochait à Samuel Paty, enseignant de 47 ans, d’avoir montré, dans le cadre d’un cours sur la liberté d’expression en classe de 4ème, des caricatures du prophète Mahomet nu.
La France est choquée, bouleversée, révoltée. Cet ignoble drame confirme ce que beaucoup ont longtemps refusé d’admettre. L’islamisme n’est pas une vue de l’esprit, mais bien une réalité. Une idéologie conquérante, intolérante, meurtrière qui cherche à anéantir la civilisation occidentale inspirée de la philosophie des lumières.
Tous les pays sont touchés, mais le décompte des agressions, attentats et crimes montre que la France est plus particulièrement exposée. Depuis 2012 et Mohamed Merah à Toulouse, plus d’une trentaine d’attaques ont été recensées, causant la mort de quelque 280 personnes. A chaque fois, des symboles de notre civilisation sont visés : un curé de village (le père Hamel), un concert de rock (le Bataclan), des juifs (le magasin HyperCasher), des policiers (tuerie de la préfecture de police de Paris), des gendarmes (le colonel Beltrame), des journalistes (Charlie Hebdo), des citoyens célébrant le 14-Juillet (Nice), des jeunes qui prennent du bon temps (les terrasses de café de Paris) … Et maintenant un professeur, celui qui porte le savoir, le transmet, forme les intelligences, à la réflexion et à l’esprit critique.
André Malraux aurait prédit que « le XXIème siècle serait religieux ou ne serait pas ». La phrase est sans doute apocryphe, et l’islamisme n’est pas l’islam. L’intellectuel américain Samuel Hutington a prétendu, lui, que nous vivions « un choc de civilisations ». Est-ce celui qui opposerait des peuples libres, jaloux de leur émancipation, à des peuples soumis à une idéologie obscurantiste ?
Pourquoi la France serait-elle plus visée que d’autres ? Son passé colonial, son actuel engagement militaire au Moyen Orient et en Afrique pour contrer les djihadistes, sa laïcité, principe républicain et sacro-saint, sont sans doute en cause. Elle ne doit pourtant en aucun cas renier son histoire ni les valeurs qui en font une nation respectable et respectée dans le monde. Il lui revient de porter haut l’étendard de sa devise, « liberté, égalité, fraternité ». Si elle n’y prend garde, celle-ci sera piétinée par des fanatiques, nés sur son sol ou ailleurs, animés par des mots d’ordre assassins. Ces individus veulent mourir en martyrs, passer devant l’histoire pour les victimes des injustices que leur infligerait la société occidentale.
Venir à bout du fléau islamiste prendra du temps, exigera beaucoup de patience. Pour autant, les gouvernants français doivent redoubler de volonté et de fermeté pour combattre cet ennemi de l’intérieur, comme disait Manuel Valls. Cette lutte appelle un réarmement politique de leur part. Il est souhaité – exigé – par tous les Français. Malgré les intimidations reçues, Samuel Paty n’a jamais renoncé à enseigner les fondements de notre liberté. En son nom, la France doit garder la tête haute.
L’équipe de l’ASFE