EDITO DE LA NEWSLETTER #124 : DU DANGER DE L’INFLATION ÉLECTORALE

C’est au tour des Français de métropole et d’outre-mer de voter pour les élections législatives ce dimanche. Je ne vais pas m’attarder sur les résultats du 1er tour à l’étranger, si surprenants soient-ils, car  je tiens à revenir sur un autre aspect des ces élections : le nombre de candidats. Cette année, 7.882 candidats se présentent dans les 577 circonscriptions soit 3 fois plus qu’il y a 30 ans ! De toutes les démocraties, la France est le pays où les électeurs doivent choisir entre le plus de candidats.

D’où mon questionnement : plus de candidats équivaut-il à plus de pluralisme et donc plus de démocratie ? Je n’en suis pas convaincu. Si la plupart des candidats pensent sincèrement œuvrer au pluralisme, collectivement l’inflation des candidatures contribue à désorienter les électeurs.

Ce qui m’inquiète surtout, c’est l’augmentation du nombre de « candidats fantômes », c’est-à-dire qui n’engagent aucune dépense de campagne et dont la plupart ne fournissent même pas les bulletins de vote. En 2012, 40% des candidats avaient recueilli moins de 1% des suffrages et 44% ne déclaraient aucune dépense de campagne. Qu’en sera-t-il cette fois-ci, alors que le nombre de candidats est encore plus élevé ? Sur les 184 candidats qui se présentaient dans les 11 circonscriptions de l’étranger, 98 ont obtenu moins de 1% des votes, 5 n’ayant même reçu aucune voix…

Les causes de cette « inflation électorale » sont multiples : affaiblissement des grands partis, émergence de nouveaux enjeux mais aussi raisons financières. Depuis 2003, le financement public est réservé aux partis obtenant au  moins 1% des voix dans au moins 50 circonscriptions, l’enveloppe étant répartie en fonction des scores (1,42€ par voix durant le dernier quinquennat). Cette réforme avait déjà permis une réduction du nombre de candidats car la première loi sur le financement des partis de 1990  prévoyait que tous les partis présentant au moins 75 candidats aux législatives étaient éligibles au financement public. Or, nous sommes quasiment revenus cette année aux chiffres de 2002. Faut-il alors durcir à nouveau  les conditions de financement des partis pour éviter une explosion du nombre de candidats ?

Un changement doit être engagé pour rendre leur légitimité à ces élections en remobilisant l’électorat. Je milite évidemment en faveur de la pluralité, mais seuls les candidats ayant la volonté d’être élu et prenant la peine de faire campagne un minimum devraient pouvoir se présenter.

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