COMMÉMORATIONS NATIONALES AU RWANDA

Paul Kagame a ouvert dimanche dernier une période de commémoration nationale, un quart de siècle après le génocide de 1994, qui a coûté la vie d’au moins 800 000 personnes. Le président français Emmanuel Macron, qui ne s’est pas rendu dans le pays pour cette première journée de cérémonie, a annoncé depuis Paris que la date du 7 avril serait « désormais une journée de commémoration du génocide des Tutsi ». De ce fait, nous nous sommes entretenus cette semaine avec Alain Gauthier, président du Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda (CPCR) et avec un membre de la commission d’enquête citoyenne sur l’implication de la France au Rwanda (CEC)

Le Collectif des Partie civiles pour le Rwanda a pour but de soutenir moralement et financièrement tous ceux qui, dans le cadre du génocide perpétré au Rwanda en 1994, porteraient plainte contre des présumés génocidaires et principalement ceux réfugiés sur le sol français, de se porter elle-même partie civile contre les présumés génocidaires et d’apporter aide à toute action visant à préserver la mémoire des victimes.

Le président français Emmanuel Macron, qui ne s’est pas rendu dans le pays pour cette première journée de cérémonies, a annoncé depuis Paris que la date du 7 avril serait « désormais une journée de commémoration du génocide des Tutsi
AG: « Emmanuel Macron a laissé passer une occasion de porter une parole de vérité. Visiblement, malgré le « réchauffement » relatif des relations avec le Rwanda, il n’était pas prêt à faire ce geste que nous attendions. Il a dû céder à quelques pressions! La journée du 7 avril est depuis longtemps une journée de commémoration dans le monde entier. Je ne vois pas ce que cette décision apporte de nouveau: depuis 25 ans, nous commémorons cette date du 7 avril. »

 

CEC : « le Président de la République a cédé devant les pressions internes de l’Etat. Il n’a rien fait d’autre que de rappeler que l’ONU a fixé au 7 avril la date de la commémoration du génocide des Tutsi, envoyé un représentant à Kigali, un autre à Paris et relancé une énième fois un projet de commission devant l’association de rescapés Ibuka reçue à l’Elysée deux jours avant. »

Le Président de la République a ainsi réussi à retarder encore la vérité Française. On ne voit pas pourquoi Emmanuel Macron protégerait encore le pouvoir mitterrandien et sa cohabitation. La seule explication qui tienne est donc que le Président a cédé devant l’armée ou alors qu’il obéit à d’autres chefs politiques. Cette situation est de nature dictatoriale et met à mal notre conviction de vivre dans une démocratie.

« Tout le monde sait que les relations entre les deux pays, si elles se sont améliorées, ne sont pas excellentes, et il y a de quoi. Le fait de n’envoyer à Kigali, pour la 25ème commémoration, qu’une délégation de bas niveau ne laisse pas envisager une grande amélioration des relations. Il n’y a toujours pas d’ambassadeur de France au Rwanda. Et ce ne sera peut-être pas pour demain. Le Rwanda sait ce qu’il a vécu, il sait d’où il vient et où il va. Il se passera volontiers de la France pour se reconstruire! »

Pouvez-vous nous décrire la situation actuelle au Rwanda à la suite de la décision du président de la mettre en place une commission chargé de faire la lumière sur le rôle joué par la France dans le pays pendant le génocide ?

AG : « Concernant la commission qui sera chargée d’étudier les archives, je n’ai pas entendu au Rwanda où je me trouve, de véritable réaction. Je ne suis pas sûr que le Rwanda ait envie de réagir. Il me semble qu’il y a une certaine indifférence devant cette annonce. Cette commission a écarté des chercheurs qui ont déjà beaucoup travaillé sur le Rwanda: étonnant! Espérons qu’elle travaille en toute indépendance et qu’elle ait accès à TOUTES les archives. Espérons aussi que ces archives n’auront pas été « expurgées ».

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