Hausse et dangers de la consommation d’antalgiques

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L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé ANSM a publié le 20 février un état des lieux de la consommation des médicaments antalgiques opioïdes, en France. L’ANSM a observé une augmentation du mésusage et des intoxications / décès liés à l’utilisation des antalgiques opioïdes, même si la situation n’est pas comparable avec celle des Etats-Unis et du Canada.

Définition

Trois catégories d’antalgiques existent : 

  • les non opioïdes agissent au niveau des nerfs périphériques. Ils traitent des douleurs légères à modérées (paracétamol, aspirine, certains anti-inflammatoires non stéroïdiens tels que l’ibuprofène) ;
  • les opioïdes faibles, pour la plupart, agissent au niveau de la moelle épinière. Ils peuvent traiter des douleurs modérées à intenses (codéine ou tramadol par exemple) ;
  • les opioïdes forts agissent au niveau du cerveau et traitent des douleurs intenses ou résistants aux autres antalgiques (morphine, fentanyl, oxycodone, etc.)

Sous différentes formes, les antalgiques opioïdes présentent des risques importants de développer des crises de manque (sueurs, crampes, anxiété). Consommés avec excès, conjugués à l’absorption de boissons alcoolisées (tel que le purple drank) et/ou pris de manière prolongée ou à des fins récréatives, ils peuvent non seulement entraîner des effets secondaires (nausées, vomissements, constipation, somnolence, troubles de la concentration …) mais aussi une dépendance voire overdose suivie d’un décès, consommés avec excès. 

Etat des lieux 

Outre-Atlantique, aux Etats-Unis, 115 américains meurent chaque jour des suites d’une overdose d’opioïdes. Première cause de décès prématurés devant les accidents de la route et les armes à feu. Toutes les strates de la société y sont confrontées. Le phénomène concerne à la fois les usagers de drogues dures dérivées du pavot (opium, morphine, héroïne) et des patients devenus dépendants. 

En France, la mortalité est moindre mais estimée à quatre décès par semaine. Ainsi, on dénombre plus de morts dans l’Hexagone des suites d’une prise excessive d’opioïdes que dus à la prise d’héroïne (90 personnes en 2016) et la méthadone (140). 

Le rapport de l’ANSM met en lumière plusieurs éléments intéressants sur la consommation des français  : 

  • Près de 12 millions de français ont eu une prescription d’antalgique opioïde en 2017.
  • Les utilisateurs d’antalgiques sont composés majoritairement de femmes (environ 60%) et fournis essentiellement par des généralistes ( 90%). 
  • En 2017, les antalgiques les plus consommés en France sont non opioïdes [paracétamol, aspirine et anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)] (78%), suivis par les antalgiques opioïdes faibles (20%)
  • En 2017, l’antalgique opioïde le plus consommé en France est le tramadol puis la codéine et la poudre d’opium associée au paracétamol. Viennent ensuite la morphine, premier antalgique opioïde fort, l’oxycodone, puis le fentanyl (lequel fait également des ravages au Canada).
  • Entre 2006 et 2017, l’oxycodone est l’antalgique opioïde dont la consommation a le plus fortement augmenté (+ 738%). 
  • Entre 2006 et 2017, la prescription d’opioïdes forts a augmenté d’environ 150 %. 

Dans le monde ? 

Tandis qu’un récent reportage télévisé d’Envoyé Spécial illustrait les ravages des antidouleurs en France et aux Etats-Unis, qu’il en est de même au Canada où des kits de naxalone ( antidote efficace administré lors d’une overdose ) sont mis gratuitement à la disposition d’usagers, qu’en est-il de l’usage des opioïdes dans le reste du monde ? 

Les modalités de prescription et de délivrance des opioïdes varient d’un pays à l’autre, la durée maximale de prescription aussi. Mais, globalement, sa consommation, dans le monde, n’a cessé de croître.

Au niveau européen, le Royaume-Uni et l’Espagne en ont une forte consommation : le Royaume-Uni étant le premier consommateur d’antalgiques opioïdes. Sur 7 pays (France, Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni, Danemark et Suède) en 2015 , la France est le 3ème consommateur d’antalgiques. Le plus consommé en France est le tramadol, comme en Allemagne, en Italie, en Espagne et au Danemark. La codéine associée au paracétamol est l’opioïde faible le plus consommé en Suède et au Royaume-Uni.

Pistes de réflexion 

Donald Trump a décrété l’état d’urgence sanitaire aux Etats-Unis en octobre 2017. Des mesures d’urgence ont été prises en fonction de recommandations formulées par la commission de lutte contre la crise des opiacés. Campagne d’information et mise à disposition de naxalone font partie intégrante du dispositif ; de même au Canada où les pouvoirs publics ont pris conscience de l’ampleur du phénomène, notamment chez les plus jeunes et les usagers de drogue. 

En France, l’attention est portée sur une meilleure information / prévention des professionnels de santé afin que les patients soient mis en garde sur les conséquences sur la santé. L’objectif fixé par les pouvoirs publics est de parvenir à sécuriser davantage l’utilisation des antalgiques opioïdes sans restreindre leur accès aux patients qui en ont vraiment besoin. Des actions destinées à contrôler l’encadrement de ces médicaments (en termes de conditions de prescription et de délivrance, d’interdiction de publicité au grand public, campagnes d’informations à destination des professionnels de santé) sont menées. 

SOURCES 

Article Le Monde

IFRI 

Rapport ANSM 


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